Cette semaine se sont tenues les réunions d’entente des jurys du bac de français. L’occasion pour les professeurs convoqués de récupérer les descriptifs des classes dont ils entendront des élèves, de vérifier qu’ils ont bien tous les descriptifs des élèves qui leur sont attribués, que les listes d’émargement des élèves et que les bordereaux de sujets correspondent, de rencontrer la coordinatrice ou le coordinateur du jury et de découvrir le centre d’interrogation orale dans lequel ils sont envoyés… L’occasion aussi de voir rappeler les consignes d’évaluation des épreuves écrite et orale, encore modifiées in extremis cette année.

Les nouvelles directives

Les coordinateurs et coordinatrices, convoqués pour beaucoup jeudi pour vendredi, ont ainsi transmis à l’ensemble des jurys les directives suivantes, dont certaines diffèrent des indications données par les textes publiés en cours d’année :

  • L’élève a le choix entre 2 textes de 2 objets d’étude différents, ces textes ne devant pas être tirés de l’œuvre choisie pour être présentée en 2e partie d’oral, dans la mesure du possible (car tous les descriptifs ne contiennent pas la liste des œuvres choisies par les élèves) ;
  • Si l’œuvre choisie par le candidat n’est pas indiquée sur le descriptif et/ou qu’il n’a pas émargé ce descriptif, cette œuvre doit être précisée par le candidat à son jury au moment de la remise du bordereau ;
  • L’œuvre choisie par le candidat doit faire partie des œuvres intégrales ou des lectures cursives faites dans l’année et indiquées dans le descriptif (ce point n’était pas très clair au cours de l’année ni pendant les réunions d’entente).
  • Le candidat doit faire son choix rapidement et ne peut en changer ; son temps de préparation de 30 minutes commence une fois ce choix effectué ;
  • Si l’élève a apporté un exemplaire de l’œuvre qu’il présente en 2e partie d’oral, le jury doit vérifier qu’il ne s’y trouve pas d’antisèche ; toutefois, la présence de post-it pour marquer des pages ou d’annotations ponctuelles est autorisée ;
  • Lorsqu’il commence son oral, l’élève présente l’introduction de son explication puis lit le texte, mais commencer par la lecture est admis ;
  • Concernant l’explication linéaire, selon les jurys, l’absence de problématique et de plan ne sera pas sanctionnée ; selon d’autres jurys, c’est l’absence de la mention de mouvement littéraire ni qui ne sera pas sanctionnée ; dans l’ensemble des jurys, ce qui prime, c’est la compréhension du texte ;
  • Si le candidat parle moins de 8 minutes pour la lecture et l’explication de texte et qu’il parle moins de 2 minutes pour la grammaire, le jury le relance, d’une question maximum selon certains jurys, de plusieurs selon d’autres (ce qui n’avait pas été dit auparavant) ;
  • En grammaire, le candidat ne peut pas être interrogé sur le programme de 2nde (contrairement à ce qui a été indiqué au mois de janvier) ; la question consiste en une analyse ou en une transformation de passage en fonction d’une des notions grammaticales vues par le candidat dans l’année ;
  • Pour la deuxième partie de l’oral, le candidat peut s’appuyer sur des citations lues dans l’exemplaire de l’œuvre choisie ; l’absence d’exemplaire ne sera pas sanctionnée (ce qui semble la moindre des choses, dans la mesure où l’autorisation d’amener le livre n’a été donnée que récemment) ;
  • Lors de la deuxième partie de l’oral, le candidat doit présenter d’emblée l’œuvre de manière personnelle et non didactique, et ceci pendant 3 minutes, sous peine d’être coupé par le jury (cette précision sur le contenu et le temps de cet exercice n’avait pas été donnée jusqu’ici) ;
  • Lors de l’entretien, qui doit aller jusqu’à la fin de l’épreuve, le jury interroge le candidat sur son avis personnel concernant l’œuvre et non sur ses connaissances ;
  • Le jury remplira le bordereau de sujet en indiquant la note de la première partie sur 12 et la note de la deuxième partie sur 8 ; il gardera par-devers lui le détail de la note par exercice (lecture, explication linéaire, grammaire, deuxième partie de l’épreuve) pour le cas où le SIEC le lui demanderait ultérieurement.

Face à ces nouvelles directives, tout professeur de français convoqué en tant que jury oscille entre inquiétude, lassitude et agacement. Il existe toutefois quelques astuces pour optimiser son temps de préparation des oraux, que nous vous proposons ici.

Comment s’en sortir ? Quelques astuces pour automatiser sa préparation

Nous voilà donc engagés à un calendrier serré : il s’agit pour nous de préparer entre 50 et 70 bordereaux proposant 2 textes de 2 objets d’étude différents, associés chacun à une question de grammaire distincte mais conforme aux points vus dans l’année, et ne coïncidant pas avec l’œuvre choisie en deuxième partie si celle-ci est connue.

Face à ce travail titanesque, car doublé par rapport à d’habitude, quelques astuces peuvent être retenues :

  1. Commencer par remplir les bordereaux avec les œuvres choisies en 2e partie ;
  2. Si cette œuvre n’est pas connue, laisser ce champ vierge et choisir deux textes tirés des parcours de lecture en explication de texte, ce qui réduit le risque de proposer une explication tirée de l’œuvre choisie par le candidat ;
  3. Choisir les deux textes proposés en explication de texte en les tirant des objets d’étude qui ne sont pas ceux de l’œuvre choisie en deuxième partie (par exemple, si l’œuvre choisie est un roman, proposer une pièce de théâtre et un poème) ;
  4. Privilégier les textes que l’on a soi-même travaillés ;
  5. Tourner sur un nombre restreint de textes donnés en explication de texte (4 suffisent, qui permettent 6 combinaisons différentes : A ou B, C ou D, A ou C, A ou D, B ou C, B ou D) ;
  6. Associer à chacun de ces textes une question de grammaire conforme au programme suivi par le candidat en classe et la redonner à chaque fois que l’on propose le même texte ;
  7. Prévoir des formulations types de question de grammaire à associer à chaque texte :
    « Faites l’analyse logique de la phrase… »
    « Étudiez les subordonnées aux lignes… »
    « Reformulez la phrase… de la forme négative à la forme affirmative »
    « Reformulez la phrase… de l’interrogation directe à l’interrogation indirecte »
    « Relevez et analysez les compléments circonstanciels aux lignes… »
    « Relevez le temps et le mode des verbes aux lignes… »
    « Reformulez la phrase…. en la mettant aux temps du passé » ;
  8. Prévoir une batterie de questions standard pour l’entretien, telles celles que l’on trouve dans les documents issus des formations académiques (ici celle de l’académie de Créteil) :
    « Pourquoi est-ce de cette œuvre que vous avez souhaité parler lors de votre oral ? »
    « Qu’a provoqué chez vous la lecture de cette œuvre ? »
    « Vous a-t-elle fait changer ? En quoi ? »
    « Vous a-t-elle fait réfléchir ? À quoi ? »
    « Vous a-t-elle ému(e) ? Pourquoi ? »
    « Comment vous êtes-vous senti(e) au moment où vous acheviez la lecture ? »
    « Que pensez-vous de la fin de l’œuvre ? »
    « Avez-vous eu envie d’imaginer un autre dénouement / une autre conclusion ? »
    « Avez-vous trouvé facile d’entrer dans l’œuvre ? »
    « Que pensez-vous du début de l’œuvre ? »
    « À quel personnage trouvez-vous que l’on puisse le plus s’attacher ? Pourquoi ? »
    « Quelle action du personnage vous a le plus impressionné(e) ? »
    « Quelle idée avancée par l’auteur vous interpelle le plus ? »
    « Avez-vous des points de désaccord avec l’auteur / le narrateur / le personnage principal ? »
    « Pourriez-vous imaginer un autre titre pour cette œuvre ? »
    « Si vous étiez éditeur et que vous deviez choisir une illustration pour la première de couverture, qu’auriez-vous envie de proposer ? »
    « À quelle musique auriez-vous envie d’associer l’œuvre ? »
    « Quelles activités d’appropriation avez-vous conduites sur cette œuvre ? »
    « En quoi cela vous a-t-il permis d’en mieux percevoir les enjeux ? / de mieux comprendre le personnage / de mieux comprendre les intentions de l’auteur ? »
    « Quel passage de l’œuvre vous a le plus marqué(e) ? Pourquoi ? »
    « Dans dix ans, si vous ne vous souvenez que d’un détail ou de quelques éléments de l’œuvre, de quoi s’agira-t-il à votre avis ? » 
    « Pensez-vous que l’œuvre aurait pu être écrite à une autre époque / à notre époque ? » « En quoi cette œuvre peut-elle encore intéresser un lecteur contemporain ? »
    « Avez-vous trouvé la lecture de l’œuvre aisée ? Pourquoi ? »
    « Pensez-vous que vous seriez capable de reconnaître une autre œuvre du même auteur ? À quoi ? »
    « Quels liens avez-vous perçus entre cette œuvre et [telle autre figurant dans le descriptif] / entre cette œuvre et des lectures personnelles ? »
    « Si vous étiez enseignant, choisiriez-vous de faire lire cette œuvre à vos élèves ? Pourquoi ? »
  9. Enfin, pour faciliter le choix de la note, il peut être utile de préparer à l’avance des grilles d’évaluation par critère comme celles utilisées tout au long de l’année : ces grilles, conservées, peuvent justifier la note donnée si cela l’est demandé ultérieurement par le SIEC. Malheureusement, ces grilles ne seront pas fournies, la charte d’évaluation du nouveau bac de français n’étant pas élaborée à ce jour…

Malgré l’ampleur de la tâche et le caractère si particulier de la tenue du bac cette année, une ligne commune se dégage : nous corrigerons les élèves de nos collègues comme nous souhaitons que nos élèves soient corrigés, avec souplesse et bienveillance, sans saborder pour autant nos attentes, légitimes, de qualité et d’exactitude.

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