Le programme de français au lycée entend d’abord s’inscrire dans une continuité. Il rappelle en effet les finalités assignées à l’enseignement du français tout au long du cursus scolaire de l’élève : la « constitution d’une culture personnelle » s’appuyant sur une « consolidation des compétences fondamentales d’expression écrite et orale, de lecture et d’interprétation », ce qui assure à la discipline un rôle essentiel dans « la formation de la personne et du citoyen ».

Les nouveautés découlent principalement d’une nouvelle traduction de ces finalités dans le programme. Elles se résument à deux points majeurs : la part accordée à l’enseignement de la langue, et le souci de transmettre une culture commune appuyée sur une connaissance de l’histoire littéraire.

L’enseignement de la langue (sa place et ses objectifs)

Prenant acte des difficultés amplement constatées chez les élèves par l’ensemble des enseignants, toutes disciplines confondues, dans la maîtrise de la langue écrite et orale, le BO souhaite que l’enseignement de la langue retrouve une « place fondamentale » au lycée et s’inscrive dans la continuité du collège.

C’est pourquoi l’étude de la langue fait l’objet d’une entrée spécifique dans les programmes de Seconde et de Première, où sont détaillées non seulement les connaissances à transmettre, les compétences à exercer, mais aussi les modalités d’enseignement, d’entraînement et d’évaluation.

Le texte du B.O. rappelle cependant que la grammaire n’est pas « une fin en soi ». Elle ne constitue qu’une partie d’un enseignement de la langue de dimension plus vaste, dont l’objectif ne saurait se limiter à l’acquisition de connaissances théoriques:

  • La grammaire est en effet un outil au service des « compétences langagières », auxquelles concourt également l’enrichissement du lexique : comprendre avec finesse les textes, s’exprimer non seulement avec correction mais aussi avec justesse supposent en effet qu’on maîtrise assez le vocabulaire et la syntaxe pour en apprécier les nuances.
  • L’étude de la langue est inséparable de celle de la littérature : le programme insiste sur la « liaison consubstantielle » de ces deux vocations de l’enseignement du français. Ainsi, l’étude de la langue prend pour objet non seulement le fonctionnement de la langue mais aussi celui du discours, et tout particulièrement du discours littéraire. Il s’agit de permettre à l’élève d’« accéder à l’implicite », autrement dit de développer sa capacité d’interprétation. Et réciproquement, la lecture et l’étude d’œuvres littéraires visent à « affiner la conscience linguistique des élèves », consolider leur connaissance de la langue, afin d’améliorer leur compréhension et leur expression.

L’enseignement de la littérature (sa place et ses objectifs)

Si l’étude de la langue se voit réserver des moments spécifiques et réguliers, il n’en reste pas moins que la littérature « constitue le cœur de l’enseignement du français au lycée ». Les objectifs principaux de l’enseignement de la littérature sont de « construire une culture littéraire structurée » et d’en « favoriser l’appropriation personnelle ».

Une culture littéraire structurée

Le nouveau programme fixe un nombre minimum d’œuvres intégrales à étudier en classe et à faire lire aux élèves. Ce minimum est ambitieux : quatre œuvres intégrales étudiées et trois lectures cursives en Seconde, quatre œuvres intégrales et quatre lectures cursives en Première générale ou technologique. S’y ajoutent l’étude et la lecture d’extraits, organisés, selon le cas, en « parcours chronologique » ou en « groupement de textes complémentaires ».

Il s’agit d’une culture structurée : le professeur doit inscrire ces lectures dans leur contexte historique, littéraire et artistique propre. Il faut que l’élève puisse acquérir des repères d’histoire littéraire, nécessaires à l’appréhension du sens et de la portée des textes. C’est pourquoi les programmes de Seconde et de Première s’organisent en objets d’étude, soit les quatre grands genres littéraires (récit, théâtre, poésie, littérature d’idées), au sein de périodes plus ou moins vastes, se complétant de la Seconde à la Première. Sans renoncer à une des caractéristiques majeures de l’ancien programme, à savoir l’étude des genres littéraires, le nouveau programme diminue l’importance qui était accordée à l’étude des registres (au motif sans doute que celle-ci conférait à l’enseignement du français une dimension techniciste) au profit d’une connaissance des circonstances au sein desquelles une œuvre ou un mouvement littéraire ou culturel émergent. L’étude et la lecture d’œuvres complètes ou d’extraits organisés en « parcours chronologiques », complétées par des « prolongements culturels et artistiques » destinés à associer la littérature aux autres arts, permettent ainsi, au fur et à mesure de l’année, d’asseoir cette culture sur une chronologie attentive aux continuités et aux ruptures.

Une appropriation personnelle

L’étude de la littérature doit contribuer à « la formation de la personne et du citoyen », dans une perspective humaniste. Ainsi, il ne s’agit pas seulement de transmettre des connaissances, mais d’en favoriser chez l’élève l’« appropriation » : autrement dit que ces connaissances deviennent une culture intimement assimilée, permettant à l’élève d’affiner sa sensibilité, son goût comme son esprit critique, et d’enrichir son expérience et sa connaissance du monde et de lui-même.

L’appropriation passe d’abord par le fait de développer le goût de la lecture, ce qui justifie la préférence accordée dans le programme, au moins pour certains genres, à l’étude d’œuvres intégrales plutôt que d’extraits. Cette préoccupation explique aussi la liberté laissée au professeur dans la façon d’aborder les textes : lecture analytique, linéaire, étude détaillée ou lecture cursive… L’appropriation personnelle passe également par toute une série d’activités ou d’écrits dits « d’appropriation », qui entendent faire la part belle à la créativité et à la sensibilité singulières de l’élève, en le délivrant d’une approche exclusivement scolaire des textes.

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